Chronique HK #5 : Le temple des reconvertis

#Hong Kong

Depuis quelques jours, je suis professeur d'espagnol et de français pour des enfants hong-kongais.

Cela me permet d'avoir une base financière en plus de mon travail d'hôtesse d'accueil dans un restaurant.


Professeurs

J'y rencontre des professeurs d'espagnol et de français.

Tous sont bienveillants, avenants, humains...ce contexte étant bien différent de ce que j'ai pu connaître auparavant.

La plupart des professeurs sont espagnols ou français et ce qui m'interpelle c'est que une écrasante majorité ne faisaient pas ce métier avant.

Certains font cela le temps de trouver un autre travail leur convenant plus (à Hong-Kong le métier de professeur est bien plus rémunérateur que travailler dans un restaurant ou une boutique par exemple), d'autres sont tombés là-dedans par hasard et sont passionnés.


Se trouver professionnellement

Ces derniers se sont "trouvés".

Ils sont arrivés là par hasard, adorent leur métier, transmettent leur langue avec passion voire même reprennent des études d'enseignement !

C'est beau, ça fait plaisir à entendre.

Hier je donnais donc le premier cours de français à un élève que je vais suivre dans le temps (pas un remplacement cette fois-ci), je rencontre juste après deux professeures d'espagnol, on parle parcours professionnel, reconversion et changement de travail !

Elles aussi ont changé maintes fois de travail, sans jamais se sentir bien, jusqu'à être professeures d'espagnol.


L'image d'Epinal du monde professionnel

Le constat tombe rapidement :

Pourquoi nous a-t-on vendu quand nous étions étudiants une telle image du monde de l'entreprise ?

Nous avions tous une belle image plus jeunes de ce qu'était la terre promise du monde professionnel (et surtout corporate), et nous nous projetions tels des working boys/girls, affairés, réglant des affaires passionnantes au quotidien avec l'air occupé et bien habillés.

Pourquoi nous a-t-on fait comprendre ou croire que le monde corporate était le Graal, le paroxysme de la réalisation de soi ?


Tu as l'air d'être au top de ta vie mais non

Répète-moi, tu as quel poste ?

Manager-du-projet-de-transformation-digitale-international-pour-tout-le-groupe-qui-se-trouve-à-Vesoul ?

Mais c'est merveilleux ! Ca doit être passionnant !

Ah bon, ce n'est pas facile et rose tous les jours ?

Un nom, un titre, ça fait rêver.

C'est cependant la réalité du quotidien qui devrait nous faire rêver, pas trois mots pour verbaliser/rationaliser un rôle.


Le glamour sur le papier et l'horreur en réalité

J'avais déjà évoqué le sujet dans un précédent article concernant la dissonance entre le glamour d'être acteur (qui fait penser aux Oscars, au festival de Cannes, etc) et la réalité peut-être moins glamour des répétitions acharnées.

Hier, l'une des deux professeures me dit
"J'ai même travaillé dans le cinéma ! Tout le monde me disait que j'avais de la chance et que ça devait être super, mais en réalité c'était une catastrophe pour moi."

Tiens tiens, cela eut une certaine résonance en moi !

J'ai souvent culpabilisé de ne pas apprécier mes précédents travails : 

  • Tu passes ta journée à rencontrer des entrepreneurs qui innovent ? Wahou, quel job de rêve !
  • Tu travailles pour une chaîne d'hôtels de luxe à Bali ? Wahou, il y a pire comme produit !


La vérité c'est que je me sentais vide, pas à ma place et oui, je devais reconnaître que sur le papier les jobs avaient l'air merveilleux.

Uniquement sur le papier, la réalité du quotidien était toute autre.

Mon contrat de confiance avec moi-même à partir d'aujourd'hui c'est de toujours :

  • Travailler avec des personnes bienveillantes
  • Avec qui j'ai la sensation que l'on se tire vers le haut
  • Qui sont en conscience et ne passent pas leur temps à avoir des problèmes d'ego ou à aspirer l'énergie des autres
  • Collaborer (cela inclut même le boulanger et la femme de ménage) avec des personnes sympathiques uniquement.


Pour schématiser la chose, je préfère vendre du papier-toilette dans la joie et dans la bonne humeur avec les bonnes personnes, que travailler dans un milieu sexy avec un environnement hostile à mes yeux.


Et toi, quel avis as-tu sur le sujet ?