L'intellectualisation des émotions

#bien dans ses bottes bien dans son job , #nouvelleeredutravail

Intellectualisation ou plaisir de la réflexion ?

Mon entourage me fait parfois remarquer que j'intellectualise les émotions et les moments de vie au lieu de simplement les vivre.

Si cela fait plusieurs articles que tu lis sur ce blog, tu te doutes de ma réponse...on peut vivre ses émotions, sa vie ET aimer prendre du recul pour en faire ressortir la trame d'une histoire, d'un mécanisme, d'un enseignement.

Je vois pour ma part deux types d'intellectualisations :

  1. Celle qui intervient  avant que les évènements ne se produisent (pour prendre des décisions)
    et
  2. Celle qui intervient après (pour méditer sur une situation ou un évènement après qu'il se soit produit).


L'intellectualisation a priori

Non- intellectualisation et confiance en soi

J'écoutais  cet épisode de podcast sur la confiance en soi de Maud Ankaoua (autrice de Kilomètre Zero et Respire, deux supers livres que je recommande par ailleurs).

Elle explique que la confiance en soi n'est pas binaire:

  • toujours présente
    ou
  • toujours absente

Avoir ou non confiance en soi dépend d'une situation et d'un moment donnés, nous avons tous parfois confiance en nous et parfois pas confiance en nous.

Pour nous en rendre compte, elle nous invitait à écrire des moments où nous avons accomplis des choses qui nous rendu heureux presque sans nous en rendre compte.

Et c'est vrai : on ne se rend pas compte que l'on a confiance en soi face à certaines situations, car c'est un non-débat : on ne se pose pas de questions pour faire ladite chose et on pense que ce n'est rien du tout, que c'est facile pour tout le monde.

On fait ce quelque chose, et c'est tout.


Naissance de l'intellectualisation

Je dinais dernièrement avec une amie qui trouvait que les femmes allant accoucher dans son entourage intellectualisaient trop la situation.

"Pauline, j'ai eu trois enfants, à chaque fois, je suis allée à l'hôpital, sans me poser de questions, et j'ai acccouché sans péridurale. J'ai accouché, c'est tout".

J'ai explosé de rire, je lui ai dit que tout le monde n'était pas comme elle et avait confiance (ou n'avait pas peur?) dans ces moments-là.

Qu'elle avait eu une force à ce moment-là que tout le monde n'a pas.

Je me suis dit que c'était la même chose pour moi quand je racontais les pays/jobs que j'avais pu occuper, que j'étais partie plusieurs fois à l'aventure dans un pays sans plan fixe en arrivant.

Souvent, les yeux s'écarquillent et on me dit que jai été courageuse.

Oui et non, courageuse d'avoir suivi mes envies profondes, certes, en revanche je n'étais pas en proie à une peur assourdissante, mais plutôt à une excitation vivifiante.

Et je pense que c'est pareil pour tout le monde : on a tous un ou plusieurs domaines de vie ou l'on n'a pas peur à certains moments.

Ça nous tombe dessus ou c'est notre choix, on y va, fin de l'histoire.

La non-intellectualisation a priori de ces choix/décisions/moments de vie est une force, c'est aussi un processus assez naturel

Nous avons purement et simplement pleinement confiance en nous sur ce sujet-là à ce moment-là.


Intellectualisation ou peur de la décision et de l'action ?

Quand on intellectualise quelque chose que l'on veut/va/doit faire, c'est que nous avons peur.

  • Peur de mal faire
  • Peur du résultat
  • Peur de prendre la "mauvaise décision"

On intellectualise pour repousser le passage à la décision et à l'action à mon sens.

Dans ce cas, oui, l'intellectualisation n'est pas (complètement) nécessaire, elle est en revanche humaine.


L' intellectualisation a posteriori

Pour se connaître

Ce qui m'intéresse le plus c'est l'intellectualisation a posteriori d'évènements.

Pas le "pourquoi il s'est passé X ou Y, y-a-t-il quelque chose à comprendre?", mais plutôt

"comment ai-je réagi? Comment aurais-je réagis 10 ans, 10 mois, 10 jours plus tôt?"

D'une part, cela nous permet de nous connaître plus.

D'augmenter la conscience de soi (self-awareness) et de se rendre compte de sa progression, de son évolution.

Quel bonheur quand nous avons la sensation d'être entré dans un nouveau niveau de la vie (comme dans les jeux vidéos), et que nous nous voyons réagir d'une autre manière à certains triggers.


Réfléchir ensemble pour le plaisir

Le partage est l'une de mes valeurs et j'apprécie l'idée de cheminer AUSSI en collectif.

L'expérience des autres est quelque chose de très utile qui ne nous servira à rien, en revanche, cela peut résonner en nous, nous inspirer, nous impacter et nous aider à avancer.

J'ai la sensation que le plaisir de réfléchir ensemble, dans un cadre de bienveillance, est quelque chose qui nous unit.


Limite de l'exercice

Bien entendu, décortiquer la vie des autres est exclu. L'intellectualisation ne peut porter que sur SA propre vie.

Quand je fais face à de la famille ou amis qui se permettent une psychanalyse (gratuite et non sollicitée) sur moi, cela a souvent le même effet : un partage de ma part de plus en plus ténu, une confiance décroissante en la personne, et un désinvestissement dans la relation.

  • "Tu dis X mais tu disais Y la semaine dernière"

  • "Tu es en colère contre moi, mais c'est parce que tu ne vas pas bien"

  • et autres réjouissances

Interdiction sociale, de bienséance et de bienveillance de faire ce travail analytique sur autrui :)


Sur ces mots, à bientôt. 


Pauline