Et si la peur changeait de camp?

#nouvelleeredutravail , #bien dans ses bottes bien dans son job

Prendre de la distance avec la peur

La reléguer au second plan

Que la peur disparaisse serait en effet l'idéal.

Cela nous permettrait d'interagir sainement dans le monde de l'entreprise, que ce soit du côté de la direction ou du côté des employés.

Je pense que c'est l'objectif vers lequel nous devrions regarder, ce à quoi nous pourrions tendre.

Avant d'en arriver là, peut-être qu'outre-passer sa peur, en tant qu'employé, est une première solution.

Ne plus la voir comme un bloquant, un frein, mais à la place comme une marche sur laquelle s'appuyer.

Le titre peut avoir l'air racoleur - le but n'est pas de se dire "que les patrons aient peur maintenant!", pas du tout. 

L'idée est de rééquilibrer la situation, que tout le monde reprenne en main sa palette d'émotions, que cela ne soit plus l'exclusivité de l'employé.

Instaurer un rapport d'adultes, plus d'égal à égal, même si rapport hiérarchique il y a.

 

Détenteur de valeur et non employé

Même le mot "employé" est à revoir: J'aime beaucoup l'homme d'affaires espagnol Roberto Fusté qui parle de Valueholder dans son livre éponyme.


L'entreprise est un troc: nous échangeons de la force de travail, qui a de la valeur, pour servir un but commun: la mission de l'entreprise.

Cette même entreprise apporte de la valeur au monde de par ses services.

Un flux d'énergie, un échange de valeur, de bons procédés, fin de l'histoire.

En réalité, ce serait la fin de l'histoire si nous étions des machines. La beauté de l'humain s'intercale dans cette machinerie, pour le meilleur et pour le pire.


"Tout le monde a peur, tout le temps. Et c'est normal"


Pourquoi a-t-on si peur?

Tout d'abord, revenons sur la racine de cette énergie.

On peut classer les émotions selon cinq catégories comme Pixar l'a précédemment fait dans Inside Out (Joie, tristesse, colère, dégoût, peur).

Je pense pour ma part qu'il n'y a que deux émotions racines, et que le reste du nuancier est constitué de sous-catégories déclinables à l'infini.


Je pense qu'il y a la peur et l'amour, et c'est tout.

 

On a peur d'avoir peur

Quand on a peur, a-t-on réellement peur ou est-on dans l'anticipation et l'appréhension de la peur potentielle?

Car on n'a "pas envie"de ressentir cela. Ce qui est parfaitement humain.

 

Le corps enregistre

Repensez à une situation désagréable vécue, par exemple, dans le milieu professionnel : vous sentez ce noeud dans votre ventre? L'émotion est toujours intacte, même si le moment douloureux a eu lieu il y a des mois ou des années.

Votre corps, donc votre inconscient/subconscient se souvient bien de ce moment-là. Et vous n'avez surtout pas envie de le revivre.

Donc vous avez peur de revivre cette situation. Plus peur ("pas envie") de revivre un moment désagréable, un moment où tout semble s'effondrer, plus que de la peur de ce qui pourrait réellement se passer à un instant T.


Anticipation de la peur

Je m'explique : vous avez peur d'essuyer une nouvelle scène de remontrances publiques par votre boss suite à un incident de ce genre le mois dernier.

Vous avez passé un sale quart d'heure sur le moment, vous vous souvenez très bien du malaise. Est venu le moment du meeting mensuel, vous craignez sa réaction. Plus que tout, vous ne voulez pas que la situation se reproduise.


Avez-vous réellement peur de votre boss ou de sa réaction ?

Ou avez-vous peur de ressentir de la peur ?

D'être dans l'incertitude ?

De ne pas savoir, de ne pas pouvoir prédire, d'être dans l'instabilité ?

Je pense que beaucoup de fois dans nos vies, dans l'anticipation de situations potentiellement désagréables, nous sommes dans la peur d'avoir peur, plus que dans une peur réelle ou bien d'une crainte d'une situation.

  

On a honte d'avoir peur

C'est si difficile d'admettre que l'on a peur...de l'admettre à soi-même d'abord, puis à ces amis. Puis à la personne incluse dans le schéma de la peur.

Qui a déjà osé dire à un parent, un partenaire, un boss :

J'ai peur de ta réaction

Je suis dans la peur, je n'ose pas m'exprimer

Voire le très intime : Tu me fais peur

Chapeau pour ceux qui y arrivent, je suis encore paralysée à l'idée de partager mon sentiment de peur avec la personne participant à sa création.

L'idée n'est pas de ne plus du tout avoir peur. Juste de ne pas focaliser dessus et de ne pas la laisser nous paralyser.


"Instaurer un rapport d'adultes, plus d'égal à égal, même si rapport hiérarchique il y a"


 

La peur est-elle réelle?

La peur disparait quand on ose la regarder en face.

Cela reste un concept intellectuel.

Vivre sa peur, la prendre par la main et avancer est à un autre niveau de compréhension selon moi.

 

Une haie qui existe

J'aime beaucoup cette vidéo d'Heloise Monchablon qui explique que pour elle, la peur est comme une haie à enjamber.

Plutôt que de regarder la haie, si on relevait les yeux et regardait au loin pour passer au dessus sans y prêter plus d'attention que cela?


J'ai peur mais j'y vais

Je dirais que cela reste un entrainement quotidien. On repense à Josiane Balasko dans Les bronzés font du ski, on a peur mais on y va.

Tout le monde a peur, tout le temps. Et c'est normal.

 

Même pas peur ?

On me dit souvent "toi tu n'as pas peur!

Au moment où vous ressentez de la peur vous pouvez l'écouter, ou bien prendre la voie du courage.

Mais bien sûr que si, j'ai si peur, et de beaucoup de choses. 

"Merci peur, j'ai entendu ton message, il est reçu 5/5. Maintenant, je dois agir".

Ce qui ne veut pas dire qu'il faut faire fi de la peur, devenir une tête brulée et vivre comme s'il n'y avait pas de lendemain.

Je dirais que ce qui marche pour moi est de trouver le juste degré sur ma jauge débutant à peur et terminant à courage.

Une fois sûre de mon choix, je fonce.


"Je dirais que ce qui marche pour moi est de trouver le juste degré sur ma jauge débutant à peur et terminant à courage"


 

Que faire face à la peur ?


Faire la paix avec le pire scénario

Une technique qui fonctionne pour moi aussi est de me dire :

Ok, j'ai peur.

Quelles sont les options s'offrant à moi?


Si j'arrive à être ok avec le pire scénario ET à être émerveillée par les possibilités du meilleur scénario, donc en d'autres termes, si je suis ok avec mon équation risque/résultat, j'y vais.

Autre chose qui m'aide : me dire que je le fais pour moi et pour m'enlever le poids de l'espoir du résultat.

 

La peur dans le travail

Après cette digression sur la peur en général, revenons à la boule au ventre qui peut nous pourrir la vie au plus haut point.

Si on reprend cet exemple du meeting mensuel et de l'appréhension que cela se repasse mal à nouveau, je vois deux manières de traiter cela:

 

0/ Pour les 2 scenari, je pense que commencer la discussion en se montrant vulnérable et en osant un propos du type :

Ce n'est pas une conversation facile à avoir et je dois avouer que j'ai un peu peur de ta réaction. Je me lance car je souhaite sincèrement trouver une meilleure manière de fonctionner sur le long terme

peut vraiment abaisser la tension des deux côtés.
 

1/ Après une situation désagréable pour vous, vous pouvez attendre que la tension redescende et demander un point avec votre manager. Pas pour lui faire un reproche, mais plutôt pour lui exprimer votre vécu :

Quand, lors du dernier meeting mensuel, tu as dit ca devant tout le monde/tu as haussé le ton, je me suis sentie comme X et Y.

Serait-il possible de fonctionner différemment à l'avenir?

 

2/ Ou bien, lors du meeting suivant débuter par:

J'ai un peu peur de comment ce meeting va se passer.

J'ai mal vécu le dernier, je sais que nous avons un but commun pour amener l'entreprise dans la bonne direction, cependant j'ai été étonnée et impactée de la manière don’t s'est déroulée notre réunion la dernière fois.

J'aimerais beaucoup que cette fois-ci, si cela est possible, nous gardions notre calme, cela me permettra de mon côté de ne pas être paralysée et de trouver avec toi des solutions en temps réel.

Est-ce-que ce serait ok pour toi ?

 

Ne pas agir est inconfortable

Je ne dis pas que cela est facile. Mais d'expérience, ne rien dire et rester dans la crainte est encore bien plus difficile.

Quelque part, peu importe la réaction que vous aurez en face de vous.

La probabilité d'une nouvelle tempête est faible, et si elle arrive, au moins vous aurez prononcé ce que vous aviez sur le coeur.

Je dirais que ce qui compte dans ce cas là c'est la forme.

Préparez vos mots, votre ton, votre texte et cela sera inattaquable.

Il se peut même que votre manager vous remercie de votre initiative d'amener le sujet. Laissez-le vous étonner.


"Je ne dis pas que cela est facile. Mais d'expérience, ne rien dire et rester dans la crainte est encore bien plus difficile"



Le premier pas qui compte

La première fois sera un gros coup de chaud.

La deuxième fois, vous vous rendrez compte que vous êtes toujours vivant.

Ensuite, cela deviendra peu à peu une habitude, un muscle qui reprend ses droits et le mot s'affirmer reprendra sens à vos yeux, naturellement.

 

Félicitez-vous

A chaque pas, félicitez-vous.

Vous avancez, vous évoluez, vous grandissez, vous arrêtez de vous exprimer en fonction de la réaction potentielle des autres.

Vous exprimez votre réalité, en vous respectant, en prenant soin de la forme pour prendre soin des autres également.

 

Sur ces mots, à bientôt.


Pauline