Le paradoxe de la nounou

#nouvelleeredutravail , #bien dans ses bottes bien dans son job

Quand on aime on ne compte pas

Je faisais une randonnée le week-end dernier avec une amie ici à Hong-Kong, qui me racontait que sa soeur, maman d'un bébé de quelques mois, avait dû retrouver une nounou très rapidement car celle-ci reprenait le travail.

Elle avait rencontré plusieurs candidates, et l'une d'entre elles s'était démarquée sans débat possible car beaucoup plus "aimante" au goût de la jeune maman. Cette nounou coûtait quelques centaines d'euros de plus par mois, un budget significatif pour un jeune couple. Sans aucune hésitation, son choix s'est porté sur cette nounou, beaucoup plus "chère" et aussi beaucoup plus "aimante".

Rien de nouveau sous le soleil me direz-vous, vous trouvez cela naturel?


Prendre soin du bébé des autres

Ca a été un déclic pour moi. Je me suis dit que bien entendu, sans contestation et sans même se poser de questions on avait envie du meilleur pour son enfant : quelqu'un qui se sente bien, que l'on traite bien, qui ensuite donc, traite bien notre création.


Vous voyez où je veux en venir ?


Le vocabulaire de la création

Je me suis dit que les entrepreneurs utilisaient régulièrement la sémantique de la grossesse pour définir leur entreprise: "mon bébé", "accoucher d'une idée", "voir grandir", concrétiser un projet "au forceps".

Sans débat, créer une entreprise doit être un sacré challenge, une aventure avec des hauts et des bas, je ne peux qu'admirer ce que font les entrepreneurs. Ils créent de l'emploi, innovent, réalisent l'impossible - cela force le respect.

Le débat est ailleurs : comment certains font ce qu'ils font? Quelles sont les interactions et l'intention quant à leurs employés?

Si vous tenez à votre bébé et que voulez le meilleur pour lui, vous tenez à ce qu'il soit dans les meilleurs mains. 

S'il n'apprend pas à marcher aussi vite que vos espérances, est-ce-que vous vous défoulez sur la nounou?

Cela ne vous viendrait même pas à l'esprit. Et pourtant...


La pressurisation comme moteur

Balance ta start-up a forcé un état des lieux dramatique sur le mal-être en entreprise, sur une maladie généralisée que l'on a trop longtemps tue et qui n'a même pas lieu d'être.


La forme aussi importante que le fond

Pourquoi?

Quand est-ce-que la manière d'être avec ses collaborateurs a cessé d'être une préoccupation ?

Quand est-ce-que prendre soin de ses employés a cessé d'être important ?

A partir de quand a-t-on pensé que se défouler sur les "nounous" de son entreprise était la solution?

A quel moment a-t-on pensé qu'un employé humilié, pressurisé, traumatisé serait plus productif et qu'il rentrerait dans le rang?

Je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais j'ai mal, la gueule de bois est violente.


La bonne intention ne suffit pas

Je ne crois pas aux mauvaises intentions. Je pense que le bien contre le mal, c'est le bien contre le bien.

Que les entrepreneurs (managers/toute personne concernée par cette pratique) qui se lèvent chaque matin ne prennent pas un malin plaisir à faire ce qu'ils font.

Je suis persuadée que c'est inconscient et qu'ils sont persuadés de bien faire (ce qui ne les dédouane pas, là n'est pas la question).

J'aspire à un réveil généralisé. J'aspire à un autre mode de fonctionnement. J'aspire à remettre de la beauté dans les interactions. J'aspire à de l'humanité. J'aspire à ne plus faire l'économie de la santé mentale en entreprise.

Je ne tape pas sur tous les chefs d'entreprise, je cherche juste à partager ce que j'ai vu et qui pourrait être changé pour le plus grand bien de tous.



"Les dirigeants opérant dans un cadre de harcèlement moral le font sans s'en rendre compte - ils sont coupables d'un crime qu'ils ne comprennent même pas"


Un but commun

L'ironie de la situation?

Les dirigeants opérant dans un cadre de harcèlement moral le font sans s'en rendre compte - ils sont coupables d'un crime qu'ils ne comprennent même pas.

Alors qu'en réalité, un employé bien traité est le meilleur élément qu'une entreprise puisse avoir.

Je ne parle pas de mettre des cacahouètes ou un baby-foot dans l'open space (ou comme dirait le conférencier Philippe Gabilliet de dire "Fraises Tagada pour tout le monde!") : ce colmatage intempestif essaie de mettre sous le tapis des considérations beaucoup plus profondes.

Changement : mode d'emploi

Si nous avons tous notre part de responsabilité, je crois profondément que la démarche, pour qu'elle se retranscrive dans le quotidien des travailleurs doit être top-down, c'est-à-dire venir du haut de la pyramide; directement de la source.

Bien entendu, l'état d'esprit doit être partagé par tous, et les employés aussi doivent marcher dans la même direction.

Je pense que 80% de la culture et de cette volonté de mieux faire doit venir du management.

Les employés acceptent souvent l'inacceptable (et je ne jette la pierre à personne - moi la première par le passé) au vu du contexte économique, de ces pratiques managériales généralisées et de l'emprise psychologique attenante.


Par où commencer ?

Prendre conscience est une excellente première étape. 

Encore une fois, l'idée de ces articles n'est pas de mettre au pilori certains ou tous les créateurs d'entreprise, loin de là.

Je respecte ces personnes et leur travail.


Comment?

Le but est de changer les règles du jeu, de réfléchir à de nouvelles manières de faire pour que chacun se sente compris, écouté, entendu et respecté.


Je pense que nous pouvons collaborer et aider les personnes agissant ainsi.


Ma mission

Mon but ici est d'ouvrir une porte sur une réalité, de mettre des mots sur des traumatismes quotidiens que j'ai pu vivre par le passé et que certaines personnes peuvent vivre.


Si, avec ce partage, ne serait-ce qu'une personne partant avec la boule au ventre le matin se sent un peu plus comprise, ce sera "mission accomplie" pour moi.


Si, avec ce partage, ne serait-ce-qu'un dirigeant se remet en question et prend conscience qu'il peut faire différemment, ce sera "mission enrichie".


A bientôt, 


Pauline