Les Stoïciens sont-ils les minimalistes du développement personnel ?

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Origine

Le Stoïcisme est un courant philosophique datant du IVème siècle avant Jésus Christ.

C'était donc il y a plusieurs milliers d'années...et cette philosophie de vie épaule encore aujourd'hui des milliers de personnes.

Quelles sont les grandes lignes du Stoïcisme et pourquoi ce courant peut nous aider dans notre quotidien en 2022 ?


Stoïque vs Stoïcien

J'ai d'abord trouvé amusant le fait que les mots Stoïciens et Stoïques ne reflètent pas le même sens.

  • Un Stoïcien est donc un adepte du stoïcisme ;

  • Une personne stoïque est une personne dite impassible, éloignée de ses émotions - voire coupée de ces dernières.


Quelques principes

Free from desire

Les Stoïciens partent du principe que la seule chose que nous puissions contrôler est notre pensée.

Alors nous nous devons de la maîtriser, car c'est à cet-endroit-ci que se situe notre capacité d'action.

Nous devons également nous libérer de tout désir se situant hors de notre contrôle.


Rester dans le factuel

Les Stoïciens se concentrent sur ce qui est, et non sur ce qui aurait du être.

Ils prônent devoir et vertu, l'homme ayant la main sur ces derniers.

Un autre élément important du stoïcisme est la non-classification des situations en "bien" ou en "mal" (le non-jugement), ce qui revient à accueillir les évènements tels qu'ils se présentent.

Tant que l'on observe le réel, il n'y a pas de raison de souffrir.

C'est, en revanche, lorsque l'on appose un jugement sur ce qui est, que l'on se sert de notre imagination et par conséquent que nous souffrons.


Vivre en accord avec la nature

Les Stoïciens acceptent la part mystique de la vie.

Ils croient au destin, ce qui ne les écarte pas non plus de leur sens du devoir (ils ne se disent pas "au point où j'en suis, j'abandonne").

Ils se disent au contraire que le sens d'accomplissement de l'être humain réside dans l'expression de la vertu (le cheminement, la manière de faire), et non dans la fin (le résultat).

Chaque évènement survenant est un pas de plus me ramenant vers mon destin.


Discernement et sagesse

Accepter, pour de vrai.

Accueillir.

Composer avec.

Prendre ce qui arrive, ce qui est devant soi comme une nouvelle information.

Peu importe le point de départ ou celui d'arrivée, ce qui compte est de ne pas être déconcentré dans ses actions.

Demeurer imperturbable et agir selon ses valeurs, en sachant que l'incertitude prévaut et que les objectifs peuvent ne pas être atteints.

Quelque part, cela revient à faire les choses pour la beauté du geste.


Less is more

Ce que j'aime particulièrement chez les Stoïciens, c'est le fait que leur mécanisme mental repose sur des piliers forts.

Les fondations sont claires, puissantes, accessibles.

C'est une sorte de schéma que l'on peut tous s'approprier, si tant est que nous le souhaitions.

Cela rejoint un peu l'idée du moins mais mieux.

Dans un monde encombré d'injonctions de spiritualité ou de développement personnel, où tout semble se contredire, cela me donne la sensation de revenir à l'essentiel.

Comme si je baissais le volume du développement personnel et que j'arrêtais d'essayer de devenir continuellement la meilleure version de moi-même.

Cela m'amène à un parallèle avec le jeûne alimentaire.

Quand nous jeûnons, cela nous donne une sensation de "remise à zéro" qui peut être grisante. Cela nous amène à ressentir la nourriture différemment par la suite.

Arriver à trouver du plaisir dans la restriction, voilà même le vrai tour de force des Stoïciens.


Citations

Quelques citations phares pour le plaisir :

  • Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé, le courage de changer ce qui peut l'être, et la sagesse de distinguer l'un de l'autre - Marc Aurèle

  • Ce qui dépend de toi, c'est d'accepter ou non ce qui ne dépend pas de toi - Epictète

  • On n’est pas privé de ce dont on n’a pas besoin - Cicéron

  • Le bonheur ne consiste pas à acquérir et à jouir, mais à ne rien désirer, car il consiste à être libre - Epictète

  • N'attends pas que les événements arrivent comme tu le souhaites. Décide de vouloir ce qui arrive, et tu seras heureux - Épictète

  • Considérez les occasions où votre chagrin et votre colère vous ont causé plus de souffrances que les faits eux-mêmes - Marc Aurèle


Pratiquer un Stoïcisme non-stoïque

A quoi bon ?

Je trouve que le Stoïcisme est un outil puissant, qui peut nous aider à garder le cap.

Surtout lors de moments de crises, tant sur le plan collectif que personnel.

En revanche, je ne dis pas que tout y est parfait et que cela constitue une recette miracle à appliquer à la lettre sans la questionner.


Limites

Je pense notamment à leur position quant aux émotions, où la distance prévaut.

L'Epicurisme, qui est souvent décrit comme étant le contraire du Stoïcisme, prône quant à lui une recherche du plaisir.
Pas une recherche du plaisir à tout prix, mais plutôt une optimisation de l'équation plaisir, effort, douleur avec une pondération concernant la temporalité.
Exemples :

  • Prendre de la drogue peut être un plaisir sur le court-terme, mais le jeu en vaut-il la chandelle sur le long terme?

  • Un accouchement peut être très douloureux sur le court-terme, mais le jeu n'en vaut-il pas la chandelle sur le long terme?

Vous vous doutez sûrement de ma position : ces concepts ne sont pas à opposer, ils sont à combiner.

Utiliser son discernement pour savoir quand je suis dans une situation où adopter un comportement stoïcien, ou bien quand je suis dans une situation requérant l'expression de mes émotions, notamment pour me relier avec autrui.

La vie serait trop courte pour uniquement être dans le devoir ou uniquement dans le plaisir - je ne pense pas qu'une vie uniquement vouée à assouvir ses désirs soit plus agréable qu'une vie vécue sous l'angle de l'effort.

Je dirais que le but est de ne pas devenir esclave de l'un ou de l'autre.


Un Stoïcisme sceptique

J'aime me dire que je suis, aujourd'hui, dans une optique à forte tendance stoïciennce, dans laquelle je me laisse une marge de manoeuvre épicurienne.

Ma stratégie (de long terme, la direction) est stoïcienne, alors que ma tactique (l'ajustement de la stratégie sur le court terme) est elle plutôt épicurienne.

Je crois que se connaître pour savoir à quel moment on a besoin de se relâcher est clef.

Sachant que se relâcher en permanence ne mènerait de toute manière pas à de la satisfaction (selon mes critères personnels).


Nager avec le courant

Dans un monde où le bien-être est porté aux nues, je trouve que faire la paix avec ses états émotionnels changeants peut faire du bien.

Être serein face à l'adversité, savoir que cela est passager et que cela fait partie de la vie...cela fait du bien à entendre.

Dans un monde où l'on entend également beaucoup parler de gestion des émotions, revenir à l'une des sources et mettre en exergue la gestion de ses pensées est rafraîchissant.

Le but n'étant pas non plus d'appliquer religieusement cette philosophie, mais d'ouvrir une porte nous amenant vers un nouvel horizon où il conviendra de nous faire notre propre idée et de composer notre propre puzzle philosophique.


Sur ces mots, à bientôt.


Pauline