Le jour où j'ai divorcé de ma thérapeute

#bien dans ses bottes bien dans son job , #peur de l echec , #nouvelleeredutravail

Contexte

  • Détails

    Thérapie pendant un an en 2017/2018.
    Et quelle année, j'ai envoyé valser beaucoup de choses (job, relation amoureuse, appart, famille, pays). Je ne mets pas la responsabilité sur la thérapeute, la responsabilité est mienne.

  • Elements perturbateurs

    Vers la fin de la thérapie (j'achetais un "parcours" avec un nombre d'heures fixé à l'avance), la relation s'est delitée du fait de nombreux manquements professionnels à mes yeux (heures payées non effectuées, dossier récapitulatif sur mes valeurs devant être m'envoyé qui ne l'a jamais été, orientations professionnelles trop prononcées à mon goût).

  • Trigger

    La communication s'est arrêtée en 2019. Deux ans après, en 2021, je reçois un message vocal de cette thérapeute.
    Résumé du message vocal reçu :
    "Je t'ai fait du coaching gratuit (...)
    Je ne pouvais pas t'envoyer le dossier sur tes valeurs car cela aurait été de la prise de pouvoir (...)
    Si tu es en colère contre moi, c'est car tu as fait un contre-transfert : tu es énervée contre quelqu'un de proche de toi, et tu l'exprimes contre moi. Cela s'appelle un contre-transfert."


  • Disclaimer

    Le but n'étant pas d'incriminer mon ancienne thérapeute.
    Juste de raconter, car plus j'en parle, plus je me rends compte de ne pas avoir été un cas isolé, beaucoup d'entre nous ont eu une mauvaise expérience avec des accompagnants / thérapeutes.

  • Pourquoi je partage

    Ce jour où on a abusé de ma vulnérabilité n'est pas une chose aisée à partager, on peut se sentir bien seul. J'espère pouvoir aider en partageant. Si mon partage aide ne serait-ce qu'une personne, j'en serais heureuse.

Ma réponse en message vocal: 

Hello Angeline*,

Merci pour ton message.

Bien reçu. Je l'ai écouté. Je me suis dit que tu méritais une réponse.

Je vais te faire une réponse en toute transparence de ce qui s'est passé de mon côté.

Parce que en écoutant ton message, je me suis bien rendue compte que tu avais vraiment pas idée de ma réalité et de ce que j'avais pu vivre et ressentir.

Donc voilà, le but n'est vraiment pas d'avoir raison, mais c'est de t'ouvrir une porte parce que tout cela me semble un peu à côté de la plaque.

Pardon pour l'expression.

Alors oui, j'ai été bien en colère contre toi.

Puis surtout après, j'étais assez désintéressée par notre relation après-coup. Je vais t'expliquer mes ressentis.

Premièrement,

revenons sur tout ce qui est prestation, le dossier et le coaching.

Il y a eu beaucoup de choses qui m'ont dérangée dans le parcours, par exemple le fait qu'il fallait que je compte les heures moi-même sans que cela ait été défini au début.

Il a donc fallu que je fasse ce travail-là, alors que tu es la professionnelle. Je pense que ce n'était pas à moi d'avoir cette charge mentale là.

D'ailleurs, il avait manqué une demie-heure au premier parcours en présentiel.

Le présentiel est vraiment ce pour quoi j'avais choisi de faire un parcours avec toi.

C'était ce qui avait de la valeur à mes yeux.

Dans la présentation que tu m'avais envoyée pour le premier parcours qui m'a décidée à faire une thérapie avec toi, il y avait une mention du dossier avec des valeurs, dossier que tu devais m'envoyer à l'issue de l'accompagnement.

Je ne savais pas exactement ce que tu voulais dire en ces termes.

Toujours est-il que c'était mentionné.

Tu dis que le dossier est une prise de pouvoir, puisqu'il y a des valeurs dedans et que cela me concerne.

Dans ce cas-là, ma suggestion est de ne pas le mentionner dans une présentation récapitulative de la prestation avant que le client ne s'engage, parce que de ce fait, cela devient un délivrable que je vais m'attendre à avoir.

En plus, nous en avions déjà parlé à plusieurs reprises au cours de mon accompagnement. Je t'avais déjà dit que j'attendais le dossier et tu me disais que tu travaillais dessus mais que ça prenait du temps.

Je me permets de douter de ta bonne foi sur ce point-là.


Puis,

le deuxième parcours était censé être sur le féminin sacré.

J'avais donc des attentes par rapport à cette thématique, je m'attendais à ce que l'on travaille spécifiquement dessus.

Qu'est ce qui était sur féminin sacré ? Je n'ai vu qu'une thérapie similaire à celle du premier parcours.

Ensuite, il y avait une spécialiste que je devais voir qui faisait de l'acupressure. Vous avez été en désaccord professionnel et tu ne souhaitais plus travailler directement avec elle.

Dans un premier temps, tu m'as proposé des heures de thérapie en compensation de cette prestation.
Puis, dans un second temps, tu m'avais dit que tu m'avais déjà offert des heures de thérapie en compensation. Or, ce n'était pas le cas.

Forte de l'expérience précédente, j'avais anticipé et pris de l'avance en comptant toutes les heures de ce second parcours au fur et à mesure.

Ce qui a constitué une charge mentale conséquente pour ma part, et j'ai dû, de surcroît, argumenter avec toi pour expliquer que non, je n'avais pas eu une compensation en heures de thérapie.

J'ai vraiment une bonne mémoire, je suis assez organisée et je devais argumenter sur le fait que non, je n'avais pas été compensée. Tout cela me semblait bien compliqué et peu professionnel.

Après ces discussions, nous nous sommes mises d'accord : je pouvais aller voir cette professionnelle d'acupressure et avancer la prestation que tu me rembourserais par la suite - le désaccord que tu avais avec elle ne remettait pas en cause son activité.

Je n'ai jamais eu un remboursement de ta part.

Encore une fois, cela ne me semble ni juste ni professionnel.


Ensuite,

concernant ce que tu appelle le coaching gratuit, il me semble aussi que le fait de t'appeler entre les séances était mentionné dans la présentation.

Peut-être que je me trompe, je ne suis pas allée vérifier. De mon point de vue, le fait de t'appeler était un bonus, pas le coeur de ta prestation. C'était un petit plus - quelque chose que tu proposais gracieusement.

La communication par téléphone n'était pas la raison pour laquelle j'avais décidé de m'engager dans ce parcours. Et d'ailleurs je me souviens qu'au début, tu insistais pour que je t'appelle entre les séances tant cela n'était pas naturel pour moi.

Ce n'était pas dans mes habitudes.

Ce qui avait de la valeur à mes yeux était le présentiel.

Si tu offres ça de toi même, c'est un service.

Je trouve ça un peu dur de le reprocher par la suite, parce que tu aurais dû juste mettre un cadre à cela.

Si c'était une prestation payante, il fallait tout simplement le dire et je me serais comportée différemment à cet égard.

Pour moi, c'était devenu quelque chose d'assez naturel, sachant que de mon côté, je me disais qu'il manquait plusieurs délivrables:

  • Le dossier
  • 30 minutes de présentiel au premier parcours

Cela me semblait donc logique que l'on s'appelle encore plus.

Ensuite,

pourquoi est ce que je suis en colère et que je ne recommanderais pas forcément à quelqu'un de passer par tes services ?

Le but n'est pas de faire des reproches.

Je me fous d'avoir raison.

Je t'explique vraiment comment je me suis sentie.

En fait, j'ai trouvé qu'il y avait eu de la prise de pouvoir de ton côté.

Tu parles du dossier qui ne pourrait se faire sans une prise de pouvoir.

Pour moi, la prise de pouvoir avait déjà eu lieu.

Tu disais tout le temps qu'il fallait que je sois autonome, que tu étais là pour me rendre autonome.

Et dans les mots, je suis d'accord avec toi, mais dans les faits, ce n'est pas ce qu'il s'est passé.

Je n'étais plus capable de prendre une décision toute seule parce qu'avec Angeline*, j'avais l'impression qu'il y avait des bonnes décisions et des mauvaises décisions.

J'ai repris le pouvoir sur ça parce que je ne pense pas du tout comme ça.

J'avais complètement perdu mon autonomie.

J'avais la sensation que tu te mettait un peu au dessus des autres et que dès que je prenais une décision, si elle allait dans ton sens, c'était la bonne décision.

Si elle n'ajoutait pas d'eau à ton moulin, c'était la mauvaise.

Il n'y a personne qui sait mieux que moi ce que je dois faire.

Pour moi, le rôle d'un thérapeute, c'est vraiment d'accompagner, d'écouter, d'aider au mieux, toujours en se mettant un peu en retrait.

C'est comme ça que je vois les choses.

Tout cela est derrière moi, mais je vais te donner deux ou trois exemples pour illustrer mes dires.

Je me souviens quand j'avais quitté Marc-Antoine* et que je suis retournée chez ma mère, ce qui était naturel pour moi.

Tu m'as tout de suite dit que j'allais allait freiner dans ma vie du fait de retourner chez ma mère.

Ces mots m'ont mise dans un état...tu disais souvent que tu avais accès à des informations, que "cela" passait par toi.

Le poids des mots Angeline*, le poids des mots.

Est venue ensuite l'histoire de l'achat immobilier. Je n'avais pas en tête d'effectuer un achat immobilier.

Tu me disais que plutôt que de retourner chez ma mère, je pouvais demander à mon père de m'acheter des chambres de bonne pour les réunir et former un appartement.

Je n'avais ni la volonté d'acheter des chambres de bonne, ni envie de solliciter l'aide de mon père sur ce sujet.

Je sais que tu es un être humain, que tu as ta vie et c'est normal que tu te projettes (un peu). Tu as acheté des chambres de bonne à ton fils pour former un appartement pour lui et c'est super.

Mais cela ne m'appartenait pas, cela ne me concernait pas.

Autre exemple : quand tu avais décrété que je devais faire du cinéma ou bien être thérapeute pour les "loups de wall street" en finance. Ni l'un ni l'autre ne venaient de moi.

J'aime le cinéma, je fais une thérapie et j'ai un diplôme de finance, à part cela? Je ne vois aucun fil rouge.

Tout cela ne venait pas de moi et j'ai mis du temps à m'en rendre compte.

J'imagine que ce n'est pas facile d'accompagner sans orienter ou diriger.

Je ne dis pas que tout est de ta faute, j'ai ma part de responsabilité là-dedans.

Et je pense aussi que lorsque l'on frappe à la porte d'un thérapeute, on est dans un moment de vulnérabilité.

Le professionnel devrait être extrêmement clean et prudent avec son influence.

J'ai vu d'autres professionnels coachs ou thérapeutes, pendant et après mon accompagnement avec toi. C'est désormais quelque chose qui attire mon attention. J'écoute le discours de la personne, les jugements, la prise de pouvoir inconsciente qui peut potentiellement surgur.

Est ce que je me sens à l'aise? Est-ce-que dès que je vais dire quelque chose, cela va être catégorisé en bien ou mal?

Ou bien la personne va-t-elle être dans l'accueil, poser des questions? Sans manipuler ni diriger.

J'imagine bien que tu avais pas du tout de mauvaises intentions ou vélléités de manipulation à mon égard.

Passons

à l'histoire du contre-transfert...si c'est la conclusion de la réflexion aue tu as eue pendant les deux ans ayant suivi mes parcours, après toutes les interactions que nous avons eues...

Cela m'attriste un peu.

Je pense que nous sommes d'égale à égale. Nous sommes humaines, thérapeute ou non.

Je n'ai pas apprécié ce comportement que tu as eu et qui m'a fait me sentir comme polluée à un moment donné.

J'ai eu du mal à m'en sortir, à reprendre le pouvoir, à me défaire de ces nouveaux conditionnements que j'ai eus suite à mon parcours.

Donc l'histoire du contre-transfert? Non, non, non.

J'étais en colère contre Angeline*.

Je trouve que tu essaies de te dédouaner en évoquant le contre-transfert.

Et de fait, tu connais mon histoire personnelle, c'est facile d'y trouver une excuse.

Je ne vois ni miroir, ni projection, ni contre-transfert dans cet échange, c'est une discussion entre adultes que nous avons, c'est tout.

Voilà,

j'ai été transparente. J'ai pris le temps de rassembler mes idées par écrit, de les dire à l'oral et j'espère avec le plus de bienveillance possible.

Excuse-moi si cela n'a pas été le cas, excuse-moi si des passages ont été un peu compliqués.

Je pense que tu mérites de la transparence. Comme tu l'as souligné "on mérite mieux".

Je pense que tu mérites de savoir ce qu'il s'est passé de mon côté car de toute évidence je ne t'avais pas laissé l'occasion de voir cela, tu n'en avais pas idée.

J'imagine que tu as fait de ton mieux.

Donc c'est ok.

Ce qui n'est pas ok c'est de se dire qu'il y a une réflexion psychologique derrière et que c'est du contre-transfert, du miroir et que tu m'as fait du coaching gratuit.

C'est peut être ok de ton côté. Voilà en tout cas ce qu'il s'est passé du mien.

Je te souhaite une très bonne continuation et une très bonne journée.

Salut.


*Noms changés