La binarité

#bien dans ses bottes bien dans son job , #nouvelleeredutravail , #peur de l echec

Je dînais avec une amie vendredi dernier (source récurrente d'inspiration me concernant !), et nous avons évoqué le sujet de l'introversion et de l'extraversion.


Extravertis vs introvertis

C'est un sujet cher à mon coeur car l'on me "colle" souvent l'étiquette d'extravertie, ce qui me parle...en partie seulement. 

Mon amie me faisait part de la définition qu'elle avait entendu à ce sujet : les extravertis se ressourceraient en société, alors que les introvertis rechargeraient leur batterie en solo.

Je suis profondément en désaccord avec cette définition : pour moi, la vie est bien plus complexe que cela.

Sachant que l'on parle de science molle ici, une définition simple et unique n'a pas lieu d'être à mes yeux.

C'est une piste de réflexion, en l'occurence que je ne partage pas car selon moi, elle ne représente qu'une vue micro et ne prend pas en compte l'intégralité du concept d'extraversion/introversion.

Tout d'abord, nous sommes des êtres multi-facettes : nous ne sommes pas l'un OU l'autre.

Je pense qu'en effet j'ai une grosse tendance à l'extraversion.

Je ne suis pas TOUJOURS extravertie.

Je le suis souvent, et j'ai aussi besoin de mes moments introvertis.


LA définition

Ensuite, qu'est-ce-que l'extraversion?

MA définition diffère de celle évoquée par mon amie: pour moi, être extravertie c'est la capacité à aller vers les inconnus de manière totalement naturelle.

J'ai une addiction pour cela, je peux parler à n'importe qui, n'importe quand, j'adore créer du contact à partir de rien.

Lâchez-moi dans une soirée networking ou autre, où je ne connais personne, et mes yeux brilleront.

C'est naturel et plus fort que moi.

Cela ne veut pas dire que je veux être entourée tout le temps et par n'importe qui.

J'adore les soirées, être en connexion avec les autres, j'ai aussi besoin de "me time" et de me recharger toute seule.

Pour moi l'un ne va pas sans l'autre.

C'est du ET et non du OU.

Enfin, nous vivons dans une société qui valorise l'extraversion.

Combien de fois ai-je été surprise que des amis se définissent comme étant extravertis alors qu'à mes yeux ils étaient introvertis.

Je trouve que le mot introverti peut être perçu comme dévalorisant, comme pas cool, alors qu'à mes yeux, les personnes à tendance introvertie ont un super pouvoir, je vous recommande au passage le très intelligent livre Quiet qui décrit précisément cela.


Le mapping

Cela m'a menée à l'exploration suivante: pourquoi a-t-on le besoin de classifier, de mettre dans des cases, de dire que l'on est A ou B, alors que la vie est tellement plus absconse que cela ?

J'aime la granularité plutôt que la catégorisation à tout prix.

Cela nous rassure de faire des schémas et des règles de la vie qui marchent à tous les coups.

C'est un peu comme avec les couleurs d'yeux : c'est bleu, vert, marron, ou à la limite noisette, point final.

Qui a décrété ces catégories ?

Et les yeux gris, miels, verts d'eau, bleus foncés, noirs ?

Est-ce que deux paires d'yeux bleus se ressemblent ?

Quand on me demande de me définir, sur quelque sujet que ce soit, de plus en plus ma réponse est : ça dépend.

  • Extravertie ?
    Souvent : oui.
    Tout le temps : non.

  • Me recharger grâce aux autres ?
    Parfois : oui, si je sens une belle connexion avec la ou les personnes en face.
    Parfois : ça me descend mon niveau d'énergie.

  • Me recharger en solo ?
    Quand je sens que j'en ai besoin : oui.
    Parfois : ce n'est pas le cas.

J'aime la granularité ou nuance, ce que j'appréhende comme étant le contraire de la binarité.

La liberté de ne pas se définir en permanence.

Et, si je me définis : je suis parfois A, parfois B, et 99% du temps quelque part entre ces deux extrémités.

Des spectres plutôt que des cases

Pour continuer sur l'exemple de l'extraversion/introversion, je vois cela comme une jauge (un peu comme dans le test MBTI).

Je préfère envisager la vie comme une succession de spectres sur lesquels on bouge continuellement les curseurs plutôt que des cases fixes, rigides, et toutes tristes.

Au passage, bien sûr que mes spectres et les définitions allant avec sont miens, et n'auront peut-être que peu de saveur pour autrui.


Recette miracle

Je pense aussi que l'on a tendance à tout délimiter, un peu comme une mappemonde des concepts fixes quant à la vie car ça rassure : ma recette magique a marché pour moi, donc elle marchera aussi pour les autres, tout le temps.

Ce qui a marché une fois à un moment donné pour moi ne marchera pas forcément pour mon voisin.

Trop de données sont à prendre en compte.

Parfois ça marchera, parfois pas. 

J'ai une amie qui me demandais conseil car elle souhaite partir vivre dans un autre pays.

Que faire?

  1. Lâcher son travail pour se donner un sentiment d'urgence qui ferait qu'elle trouverait plus vite un poste dans le pays de son choix ?

  2. Ou bien continuer à être en poste à Hong Kong pour effectuer sa recherche en toute sérénité ?

Je lui ai dit que le monde n'était pas binaire et que la formule magique n'était pas l'un ou l'autre.

J'avais personnellement vécu les deux, et j'avais vécu tous les cas de figure :

  • Avoir tout lâché et réussi mon projet

  • Avoir tout lâché sans arriver à ce que je voulais

  • Avoir conservé un poste en trouvant ce que je voulais

  • Avoir conservé un poste sans que rien ne se passe

Et je ne suis qu'une seule et même personne.

Dans des moments de vie différents.

Dans des configurations différentes.

Avec tant de paramètres à prendre en compte.

J'ai donc dit à mon amie que sa décision n'appartenait qu'à elle car l'expérience des autres est quelque chose d'utile qui ne nous sert à rien.

Qu'elle seule avait la réponse de ce qu'il lui fallait à cet instant de sa vie.

Reformuler

Ça dépend - ça ne me parle pas - parfois oui - parfois non - je n'en sais rien.

J'aime généraliser ces réponses au lieu d'avoir un avis tranché, défini et immuable sur tout.


Sur ces mots, à bientôt.


Pauline